Regards sur les villes portuaires européennes, des bas-fonds au marketing urbain (XIXe -XXIe siècles)

Carte blanche au CHS Mondes contemporains - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Cette carte blanche intervient à la suite d'un colloque qui s’est déroulé à Bordeaux en 2015 : « Soi l’autre et l’ailleurs. Images et imaginaires des villes portuaires de l’Europe atlantique et méditerranéenne (XVIIIe-XXIe siècles) », dont les actes viennent de paraître chez CNRS Editions. Elle se propose d’exploiter quelques conclusions extraites de cet ouvrage en insistant plus particulièrement sur l’histoire des regards attachés aux villes portuaires.
La perspective diachronique sur plus de deux siècles permet de mettre en évidence quelques évolutions majeures. Après les bas-fonds du XIXe siècle déjà bien explorés, d’autres éléments importants seront mis en exergue comme la césure des années 1920-1930 et celle de la fin du XXe siècle. Le passage d’une représentation sombre et dangereuse a progressivement, dans l’entre-deux-guerres, laissé la place à un espace d’enfermement que l’on veut quitter alors que la fuite n’est pas toujours possible. À la jonction des XXe-XXIe siècles, on enregistre ensuite un véritable renversement des représentations avec une valorisation de l’image des ports par les politiques urbaines.
La maîtrise de leur image qui paraît cruciale en phase de mondialisation est un objectif qui semble pourtant s’être manifesté très tôt, car ces villes sont ouvertes par définition aux échanges internationaux. Les villes portuaires coloniales ont, à cet égard, un profil tout à fait intéressant que nous explorerons dans cette carte blanche. Si elles glorifient leurs activités coloniales dans la première moitié du XXe siècle (expositions coloniales), à la fin du siècle, ce passé devient, en termes d’image, de plus en plus problématique. Dans un contexte où les cités entrent dans une stratégie de villes créatives, les villes portuaires concernées se doivent d’affronter leur passé négrier.