Quand les morts hantent les objets
Carte Blanche à INVISU
L’anthropologie accepte de longue date que les objets quotidiens soient habités par les esprits des ancêtres. Or, quantité de ces objets sont mobilisés par les sociétés occidentales comme orientales et africaines pour faire dialoguer les vivants avec les morts. Il peut s’agir de tables tournantes, d’objets dédiés à l'image des boules de cristal à partir des années 1860, ou de fourchettes comme de postes de TSF. Plus communément, nombre de sociétés dialoguent avec leurs ancêtres via des objets-souvenirs. Hors d’Europe, ces objets sont réappropriés par de nouvelles croyances : en Chine, ils sont brûlés pour être envoyés aux ancêtres, en Afrique centrale, on les regarde comme constitués des ancêtres eux-mêmes, notamment ceux déportés par l'esclavage ou tués par la colonisation… Regarder ces objets, c’est à la fois penser les rapports entre morts et vivants et repenser la culture matérielle. Enfin, la documentation et la conservation de ces objets portant la présence des morts nous questionnent et parfois nous obligent, dans les espaces domestiques comme dans les musées.