La France. Protéger le territoire, des années trente au retour de la guerre en Europe
La question des territoires est au cœur des relations entre la France et son Armée, de l’entre-deux-guerres à la fin de la Guerre froide. Avec une constante : l’essentiel des formations de combat est massé dans les régions du Nord-Est, ainsi qu’en Allemagne après 1945. Il s’ensuit une véritable spécialisation des territoires, entre la protection militaire, les dépôts, les entrepôts, les soutiens, les industries d’armement, plus ou moins loin des frontières. Ce qui est certain tout au long de la période historique qui va des années soixante aux années quatre-vingt-dix, c’est que pour tenir aux frontières, se battre dans la profondeur du champ de bataille européen, dans la fidélité à nos alliances il faut que l’arrière tienne. L’arrière qui tient, qui défend, qui protège, c’est la défense opérationnelle du territoire, ses divisions militaires du territoire (DMT) et ses moyens dédiés. C’est la participation des citoyens à la défense nationale, dans une trilogie très construite qui fait reposer la défense nationale sur la dissuasion, la protection et la puissance. Le lien entre les territoires, la force de frappe et la puissance conventionnelle est essentiel. C’est la mobilisation générale d’une part, la 1ère Armée, l’ultime avertissement, la bataille d’autre part et la triade des forces nucléaires aériennes, terrestres et océaniques enfin. C’est bien cela, que la réponse à trente ans de menace massive, militaire, mondiale sur le territoire national. À trente ans de certitudes ont succédé trente ans d’incertitudes. À trente ans de réponses ont succédé trente ans de questions. À trente ans d’efforts militaires ont succédé trente ans de désarmement, de désindustrialisation, de départ des territoires. Le tournant de la guerre du Golfe et les trente ans qui ont suivi ont aussi conduit à la suspension de la conscription et du service militaire, à vingt-cinq ans d’expériences diverses pour encadrer une forme d’engagement de la jeunesse et à la déréliction de la réserve militaire, à une constante de la politique extérieure et de défense depuis près de trente ans : les opérations extérieures, c’est-à-dire la projection, aux dépends de l’équilibre qui prévalait au début des années quatre-vingt-dix entre la dissuasion, la protection et de la puissance, dans l’indépendance nationale, dans l’autonomie stratégique et dans le respect des alliances de la France. Ces opérations ont connu des évolutions à la fois politiques et militaires, inscrites dans le contexte changeant des théâtres dans lesquelles elles se déployaient. Dans un cadre général de démilitarisation, en particulier en Europe. Le retour de la guerre dans l’après après-guerre froide conduit à un changement de paradigme.