Histoire de ville, histoire dans la ville
Carte Blanche aux Presses universitaires de Rennes
Pourquoi et comment écrire des histoires des villes qui soient aussi des histoires de ville, c’est-à-dire des récits de ville ? Alors que notre monde est devenu profondément urbain et, qu’en conséquence, les élus, les décideurs et les citoyens sont plus que jamais en droit d’attendre des historiens des outils d’intelligibilité de ce monde complexe, comment penser les frictions — voire les contradictions — entre les différentes dimensions de ces attentes : dimensions sociale et économique, politique, idéologique, historique, culturelle, touristique, mémorielle ? Ces deux questions permettront de penser de façon critique les principales oppositions à la fois méthodologiques et éditoriales sur lesquelles sont inévitablement fondées les histoires de ville déjà publiées (Bordeaux, Aix-en-Provence, Fougères, Dijon) ou à paraître (Reims, Tours, Blois, Bourges, Dinan) : grande métropole/ville moyenne, chronologique/thématique, texte/image, savoir scientifique/vulgarisation, culture-enseignement/culture-existence, connaissance historique/vie politique. Ce sont ces oppositions qui font qu’une histoire de ville est aussi — de façon problématique — une histoire dans la ville, et, sans doute, pour elle.
Le cas d’Orléans, sortie à l’automne 2024 de l’Histoire d’Orléans co-éditée avec les PUFR de Tours, est à ce titre emblématique, puisque la ville s’est construite sur une histoire centrée sur le consensus en atténuant les moments de tension. L’un des enjeux de la nouvelle histoire de la ville est de redonner place à cette dimension de conflictualité tout en construisant un récit. Le consensus devient ainsi un objet d’histoire et non un donné en soi.