Georges Bernanos par François ANGELIER

« Âme de vigie » selon son biographe, Bernanos fut un lanceur d’alertes spirituelles, défendant la primauté de la foi évangélique et pressentant les périls futurs de la civilisation contemporaine. Sans doute est-ce la raison pour laquelle ses écrits (récits, essais, pamphlets) ont l’indéfectibilité d’une parole toujours urgente et vibrante. Ce monarchiste spirituel s’engagea en politique comme en littérature : sans concession. S’il se rallia à Maurras dans sa jeunesse, à de Gaulle dans son dernier âge, il conspua la bien-pensance politicienne et lança, en solitaire, mises en garde et signaux d’urgence : d’abord face aux certitudes de certains républicains, ensuite envers l’illusion de l’ordre fasciste pour qui il avait d’abord eu des sympathies, puis contre les États-empires d’après-guerre et leurs idolâtries techniciennes et asservissantes. Ses romans, qui mettent en scène des damnés et des saints témoignant de l’affrontement de la grâce et du mal, sont inséparables de son engagement dans le monde. Pour Bernanos, le saint joue parmi les hommes un rôle bouleversant et salvifique. Et ce qui fait la force de sa politique, c’est qu’elle passe tout au crible de l’exigence évangélique. Une exigence qui l’amena à quitter l'Europe après avoir assisté à la répression franquiste aux Baléares (Les Grands cimetières sous la lune, 1938). Comme Bloy, son grand modèle, Bernanos a été un poète de plein-vent, se défiant de toute littérature. À lire son écriture qui tangue entre l’urgence d’écrits de combat (la meilleure définition de toute son œuvre) et la ferveur dépouillée, nous gagne l’impression qu’il nous écrit à la veille de son exécution : il a la sincérité de qui part sans retour ou s’abandonne à la grâce, âme tendue, vaisseaux brûlés.

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Georges Bernanos par François ANGELIER
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