France, terre d’accueil ? Une tradition française au prisme des paroles d’exilés, XIXe-XXe siècles
Conférence proposée par le Conseil scientifique
« France, patrie des droits de l’homme », « France terre d’accueil », telles sont des expressions qui viennent rappeler dans le débat public la tradition d’asile du pays. C’est néanmoins bien souvent pour dénoncer les manquements à cette tradition historique que ces formules sont utilisées aujourd’hui. Si la Révolution française a joué un rôle fondateur, c’est sous la monarchie de Juillet que se fixe l’idée selon laquelle il y aurait une singularité française en matière d’asile. Alors que cette fonction d’accueil connaît une éclipse au cours du second xixe siècle, la Grande Guerre et ses lendemains redonnent à la France cette fonction primordiale dans l’accueil des déplacés et des persécutés, avant que la fermeture xénophobe des années 1930 et le régime de Vichy ne changent la donne. Au lendemain de la convention de Genève de 1951, le pays redevient une terre d’asile de premier ordre, mais les années 1980 voient le taux d’accord du statut de réfugié baisser drastiquement. Le dernier rapport annuel du HCR ne classe pas la France parmi les dix principaux pays hôtes dans le monde.
Au-delà de l’éclairage apporté sur l’histoire d’une France terre d’asile, cette conférence fait entendre la voix des exilés à travers le temps. Comment ont-ils contribué à faire émerger cette représentation d’une France ayant un devoir d’accueil ? Comment ont-ils pu critiquer ses défaillances ? Depuis Santorre di Santarosa qui en 1822 dénonçait « l’asile peu honorable » réservé aux proscrits, jusqu’à la centaine de signataires d’une tribune s’opposant en février 2025 à « la violence institutionnelle envers les personnes exilées », ces dernières n’ont cessé de questionner la tradition française d’accueil.