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Crise et dépendances de l'économie turque

Les « dix glorieuses » qu’a connues la Turquie entre 2002 et 2012 sont loin. La croissance extensive soutenue par les dépenses publiques s’est essoufflée, et l’instauration, en 2018, de la présidentialisation du régime s’est traduite par une extrême concentration du pouvoir et une politique économique erratique basée sur un credo : la baisse des taux d’intérêt. D’où une inflation record, la dépréciation vertigineuse de la livre turque, des déficits publics abyssaux et une inquiétante crise de liquidités qu’ont accusés les largesses électorales et les lourdes dépenses induites par le double séisme ravageur de février dernier au sud-est de l’Anatolie. Si la Turquie est plus dépendante que jamais sur les plans énergétique et financier, elle n’en jouit pas moins d’un riche potentiel géoéconomique en vertu de sa position de pivot entre, d’une part, la Russie et la Chine, et, d’autre part, l’OTAN, dont elle reste membre, et l’Europe, qui demeure son principal partenaire commercial. L’exploitation de ce potentiel lui permettra-t-elle de retarder jusqu’aux élections municipales de mars 2024 la mise en œuvre d’une politique d’austérité et de réformes vertueuses sans laquelle on voit mal comment la grave crise économique actuelle pourrait être enrayée puis surmontée ? C’est le pari que Erdogan, au prix de nouvelles dépendances, paraît tenter à l’entame de son second mandat présidentiel.

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