À bord des navires de la Compagnie des Indes : des archives pour étudier la traite
Dans le royaume de France, depuis la fin du XVIIème siècle, les officiers et pilotes des vaisseaux de la marine marchande et de la marine de guerre sont tenus de remettre leur journal de bord aux autorités du port ou aux bureaux de l’amirauté au retour de chaque campagne, afin de justifier son déroulement, du comportement des hommes et aussi de perfectionner les cartes marines encore très imprécises.
L’identification critique d’un corpus de 169 journaux de bord de navires de la Compagnie des Indes, conservés aux Archives nationales, a permis de documenter, de 1721 à 1757, des milliers de vies de captifs africains, dont ils sont l’unique trace de la déportation, depuis l’embarquement en Afrique jusqu’à l’arrivée dans les colonies des Amériques ou de l’océan Indien. Les documents sont aujourd’hui accessibles en ligne.
Leurs auteurs évoquent quotidiennement les événements de la vie à bord du bateau et les incidents qui viennent la perturber : la description des côtes africaines, la rencontre avec les bateaux négriers des autres pays européens ou avec des rois africains, les conditions de vie des captifs, les accidents, les maladies, les décès mais parfois aussi les naissances, ainsi que les refus et les faits de résistance comme les suicides ou les révoltes durant la traversée.
Dans un contexte de commémoration des victimes de ce crime contre l’humanité, la table ronde propose d’interroger le fonctionnement de la traite française, et le point de vue des marins qui ont rédigé ces journaux de bord. Croisés avec d’autres sources, ils sont une invitation à réfléchir à la difficulté de concevoir l’histoire de la traite et une initiation à la méthode historique.