Villes de papier : culture matérielle des représentations urbaines dans les divertissements éphémères du long XIXe siècle

Au cours du XIXe siècle, les grandes cités européennes sont le cadre d’une prolifération de divertissements éphémères où la mise en scène de la ville elle-même devient l’objet du spectacle. Panoramas, maquettes, expositions, reconstitutions, décors de théâtre offrent au public une expérience immersive de la ville, où se jouent des tensions entre illusion et réalisme, véracité et idéalisation, immobilité et mouvement. L’expérience offerte d’un voyage dans le temps et l’espace a engendré une multitude de discours, bien étudiés par l’historiographie. Les traces matérielles de ces attractions, en revanche, nous sont bien plus rarement parvenues et se révèlent délicates à interpréter. En nous appuyant sur trois cas concrets (les croquis du décor animé du vaudeville Une semaine à Londres ; les panoramas et vues d’optique de Saint-Pierre et de Westminster ; et la maquette de la reconstitution historique de « Vieux Vienne » lors de l’Exposition internationale de 1892 à Vienne), ce panel propose de reconstituer les trajectoires matérielles de ces villes dans la ville, de leur conception comme décor à leur réduction en souvenir, interrogeant ainsi les variations d’échelles et les circulations de motifs d’un support à un autre, d’un média à un autre. Par là, il s’agit d’explorer la culture matérielle du XIXe siècle, et d’interroger le rapport d’un public toujours plus large aux représentations des villes familières, lointaines ou rêvées.