Unir les travailleurs au delà des frontières : l'histoire des solidarités ouvrières
Carte blanche aux éditions du Seuil
Les ouvriers peuvent-ils s’organiser à une échelle internationale pour lutter contre la mondialisation du capital et la concurrence sociale généralisée ? La question ne date pas d’aujourd’hui. Elle se pose avec force dès la seconde moitié du XIXe siècle. Alors que la mondialisation du capital avance à grands pas, celle du travail est incomplète : bien qu’impliqués sur des marchés de plus en plus unifiés, les ouvriers se coordonnent peu ou mal par-delà les frontières, ce qui nuit à la défense collective de leurs intérêts.
C’est à la réduction de ce déséquilibre qu’invitent les fondateurs de la Première Internationale en 1864. L’internationalisme ouvrier dont l’organisation sème les germes vise à mettre la mondialisation au service de celles et ceux qui la font. Son originalité est de vouloir que la solidarité ne soit pas cantonnée au registre des mots et des émotions, mais qu’elle débouche sur des actions concrètes, susceptibles d’améliorer le sort des ouvriers. Tâche difficile car tout concourt (la langue, les frontières, les stratégies patronales et gouvernementales) à séparer les ouvriers plutôt qu’à les rassembler. Tout l’enjeu est de réussir à ancrer la solidarité dans le quotidien des luttes et des relations d’entraide.
Cette enquête très neuve retrouve les débats et les expériences qui accompagnèrent l’essor des solidarités ouvrières et retrace leurs évolutions jusqu’à nos jours. Le constat des origines demeure d’une brûlante actualité : sans coopération ni organisation, les mondes ouvriers ont peu de chance d’échapper au règne de la concurrence généralisée.