Une autre histoire des décolonisations
Carte blanche aux éditions de la Sorbonne
L’historiographie des périodes coloniale et postcoloniale est aujourd’hui en pleine effervescence. Pascale Barthélemy et Nicolas Bancel proposent deux approches novatrices du colonial tardif.
Pascale Barthélemy revient dans Sororité et colonialisme. Françaises et Africaines au temps de la guerre froide (1944-1962) (éditions de la Sorbonne) sur les luttes communes mais aussi les rapports de domination entre des femmes blanches, noires et métisses, de la Seconde Guerre mondiale aux premières années des indépendances africaines. À l’heure du féminisme postcolonial et de l’afro-féminisme, l’ouvrage interroge l'histoire des féminismes et de ses liens avec le communisme et l'impérialisme. Il inscrit l'histoire des mobilisations politiques des femmes d'Afrique dans une dimension transnationale en dessinant les contours d'une improbable sororité au temps du colonialisme et de la guerre froide.
Nicolas Bancel, dans Décolonisations ? Élites, jeunesse et pouvoir en Afrique occidentale française (1945-1960) (éditions de la Sorbonne), s’interroge sur la « rupture » des décolonisations de l’AOF. Il articule l’histoire politique et institutionnelle à l’étude de la formation cognitive et corporelle et de la politisation des élites ouest-africaines. Après 1945, une nouvelle génération d’élites devient l’avant-garde politique de l’anticolonialisme, mais les indépendances sont négociées entre les autorités coloniales et les leaders des partis politiques de masse, soit la première génération d’élites formée dans les années 1930. Les projets politiques et sociaux des autorités coloniales sont-ils si différents de ceux de la nouvelle génération, dont les valeurs et les outils intellectuels viennent d’Occident ? Ce processus d’hybridation culturelle caractérise toute l’ambiguïté des décolonisations.