Un roi mort-vivant : Sébastien du Portugal

Carte blanche aux Éditions Chandeigne

À l'occasion de la publication de l'ouvrage : Le roi Sébastien de Venise, histoire d'une rumeur d'André Belo (Éditions Chandeigne)

Si, comme l'écrit Michel de Certeau, l'histoire sert à enterrer le passé et à libérer le présent de son emprise, alors le roi Sébastien du Portugal (1554-1578) est un exemple de non enterrement symbolique. Après sa mort au combat, lors de la bataille des Trois Rois, le cadavre du jeune monarque a été retrouvé et fait l'objet de différentes attestations et cérémonies d'inhumation. Pourtant, sa mort n'a pas vraiment été intégrée dans la mémoire, et ceci jusqu'à nos jours. Malgré la certification officielle de la mort du roi, la rumeur de sa survie après la bataille a d'abord nourri la résistance d'une partie de la société portugaise à l'intégration dans l'Espagne des Habsbourg (1581-1640). Puis, suite à l'indépendance retrouvée de 1640, la rumeur a été légitimée, donnant lieu à une réécriture de l'histoire officielle et à l'incertitude sur la mort de Sébastien. Enfin, à l'époque contemporaine, le « sébastianisme » devient une composante du récit nationaliste et un mythe glosé par la littérature (Pessoa, entre beaucoup d'autres). La conférence reviendra sur cette histoire longue et s'arrêtera plus particulièrement sur l'épisode qui, à la fin du XVIe siècle, est à son origine : le faux roi Sébastien, qui s'est manifesté à Venise en 1598.