« Un bon croquis vaut mieux qu'un long discours (Napoléon) » ou Comment parlent les images ?
Carte blanche au CeTHIS EA 6289 Université de Tours
Une certaine pratique historienne limite l’usage des images à une forme d’illustration ou de mise en scène des textes dont l’histoire fait l’analyse. On envisage ici de revoir les relations qu’entretiennent textes et images au-delà de la juxtaposition de contenus par nature différents.
La puissance des textes se trouve souvent renforcée, potentialisée, voire détournée, par celle des images. La structure de celles-ci suppose un fonctionnement et une efficacité comparable aux premiers, alors même que les outils d’analyse dont nous disposons pour les images ne seraient pas entièrement identiques à ceux que développe la critique des textes.
Au-delà donc de leur association d’occasion, les images ont une « indépendance » tout à fait singulière et obéissent à une logique particulière. Cependant, un certain nombre de concepts et d'outils élaborés par l’histoire, la rhétorique et la linguistique s'appliquent parfaitement à l’analyse de leur efficacité. Le corollaire de la puissance des images, terme qui demande aussi une explication, est alors une certaine forme de rhétorique, qu’il s’agit de mettre en évidence. C’est à dire parler du support, de la nature, du texte éventuel qui accompagne les images ; des codes auxquelles elles se réfèrent et des stéréotypes qu’elles mobilisent. L'essentiel est de garder présent à l'esprit qu'une image est une « com-position », un assemblage plus ou moins complexe d'éléments destinés à faire un tout intelligible et sensible. Peu importe, la distinction des plans, les lignes de construction, ou le point de vue adopté (cadre, décadrage…). L’analyse formelle ne présente guère d'intérêt si on ne prend pas en compte la situation de communication au sein de laquelle l'image fonctionne. Le stéréotype joue sur la connivence, c’est-à-dire des « habitudes de lecture » qui peuvent ou non être brouillées pour créer des variations et par là un nouveau message. D'une certaine manière, nous sommes encore dans des concepts issus de la rhétorique. En ce sens les images sont des textes aussi et en matière d’histoire la proposition peut changer notre façon de voir.