A quoi sert le ministère du Travail ?
Carte blanche à CHATEFP
Le travail s’est longtemps – jusqu’en 1906 – passé d’un ministère. Si sa création résulte d’un consensus politique large allant des catholiques sociaux aux militants du mouvement ouvrier, le ministère du Travail n’a cessé de voir sa légitimité contestée. Il doit en outre, et davantage que d’autres administrations, partager sa compétence puisque le travail et la prévoyance sociale n’ont pas toujours relevé de son domaine exclusivement. Ainsi, pendant la Première Guerre mondiale, le recrutement, la gestion et la protection des mains-d’œuvre relèvent du ministère du Travail mais aussi de la Guerre, de l’Armement, des Colonies, de l’Agriculture, etc. Dédié à la protection juridique, physique et mentale des travailleurs, coproducteur et administrateur de la norme du travail, le ministère doit aussi veiller aussi à ne pas déséquilibrer les termes de la concurrence entre les entreprises. Cette ambivalence est le reflet des tensions entre la protection de la main-d’œuvre et la gestion de l’emploi, deux attributions du ministère qui se déclinent à la fois dans l’espace public et celui des entreprises privées. Ce panel propose donc de s’interroger sur ce que mener une politique du travail a signifié en étudiant la définition et l’évolution disputées des grandes fonctions du ministère : observer le social, protéger les travailleurs, réguler les conflits et adapter la force de travail à la conjoncture économique.