Que nous dit le Tour de la France ? Étude des représentations médiatiques du Tour de France cycliste (1930-1970)
Carte blanche proposée par la Bibliothèque Nationale de France (BNF)
Dès sa création en 1903, le Tour de France cycliste est porteur d’une volonté performative : celle de définir par l’arpentage du territoire un ensemble cohérent qui serait la France. D’une part, l’épreuve des origines ambitionne de faire littéralement le tour de la France, en suivant des frontières nationales ainsi réaffirmées voire revendiquées. D’autre part, à l’image du périple du Tour de la France par deux enfants, best-seller de la littérature scolaire de la Troisième République, il s’agit de relier entre eux et à la capitale, Paris, une mosaïque de terroirs aux forts particularismes régionaux.
La narration de la course et de ses à-côtés (paysage, public, festivités, etc.) permet de véhiculer un discours sur le territoire et la société française. À la presse écrite et au journal fondateur l’Auto viennent précocement s’ajouter des médias où l’image tient un rôle d’édification : la presse illustrée, les actualités filmées puis la télévision. L’étude des sources conservées à la BnF et à l’INA, sur la période 1930-1970 qui voit coïncider ces différents médias, amène à se demander quelle image de la France dépeint la Grande Boucle : dans quelle mesure s'agit-il d'un reflet fidèle de la société de son époque ou bien d’un miroir déformant ? La France du Tour telle qu’elle est décrite ou montrée peut nous renseigner sur les transformations du paysage, les mutations socio-économiques et les évolutions politiques contemporaines. Mais plus encore, les narrateurs de la course se plaisent à représenter une France hors du temps qui peut apparaître comme éloignée des réalités contemporaines. C’est avant tout cette mise en scène qui a une valeur documentaire pour l’historien.