Quand les ouvriers prennent la plume
Parmi les travailleurs, les ouvriers ont occupé une place éminente dans la société française des derniers siècles. Ils sont représentés dans notre culture par quelques figures littéraires marquantes. Mais peut-on comprendre l’histoire du travail sans prêter attention à la voix même des travailleurs et des travailleuses ? Sans tenir compte de leur propre point de vue ? Pour donner suite à cette question, la matière semble se dérober : longtemps, les paroles n’ont guère laissé de traces et les écrits ouvriers occupent une place restreinte dans le vaste monde des livres. Cependant, ils jalonnent cette longue période. Souvent portés par l’intention de témoigner, les auteurs décrivent leur situation. Ils contestent aussi, moquent parfois, imaginent souvent. La variété des écritures renvoie à la diversité des personnalités, des métiers et des situations sociales de ces ouvriers écrivains Elle correspond aussi aux époques dans lesquelles ils prennent la plume. Ainsi, les vérités singulières qu’ils expriment forment une histoire des expériences, des idées et des sentiments ouvriers, à la fois changeante et peut-être réunie par des préoccupations partagées.