Pour une histoire politique de la longue durée
Carte Blanche aux Éditions Calype
Après une longue période de purgatoire, la pertinence de l’approche politique de l’histoire ne cesse d’éclater au grand jour. Plus que jamais l’actualité résonne d’enjeux que seule l’épaisseur de l’approche par la longue durée permet de comprendre. C’est ce que montrent les deux ouvrages d’Hélène Harter et Guillaume Cuchet. La première, dans sa Très brève histoire des Etats-Unis permet de prendre conscience de ce que la prochaine élection présidentielle américaine rejoue sur un mode majeur les tensions qui ont traversé son histoire : le rapport à la démocratie et à l’État central, les hésitations entre les voies de l’isolationnisme et de l’impérialisme, l’attachement à ses valeurs et la remise en cause d’institutions qui paraissaient solides. Le second, dans sa Très brève histoire de la France au XIXe siècle, montre comment la France du XIXe, pourtant solidement assise sur les valeurs de la Révolution française et sur l’héritage napoléonien (préfets, code civil et Banque de France) met près d’un siècle à trouver son port avec la Troisième République. Comme pour les États-Unis, son ouvrage fait toucher du doigt la fragilité de la démocratie qui s’installe par une succession d’erreurs, d’essais et d’ajustements. La crise politique française d’aujourd’hui fait écho à l’instabilité politique de la France du XIXe (6 régimes en 55 ans !). Les deux ouvrages remettent en cause notre croyance que les valeurs des Lumières et de la Révolution Française sont établies pour l’éternité. En rappelant que la démocratie est fragile, l’histoire se fait peut-être sa meilleure avocate.