Plantations touristiques et représentations de l’histoire de l’esclavage en Louisiane : une mise en mémoire impossible du passé esclavagiste ?
Aux États-Unis, dans un pays en proie à des divisions importantes quant à la place à accorder aux questions raciales et à l’héritage de l’esclavage dans le récit national, les plantations touristiques constituent des espaces de paradoxes. En Louisiane, plusieurs anciennes plantations esclavagistes de la région appelée River Road, qui longe le fleuve Mississippi entre les villes de La Nouvelle-Orléans et de Bâton Rouge et ses environs, sont aujourd’hui des lieux reconvertis en sites touristiques qui, pour certains, opèrent entre invisibilisation et marginalisation de l’histoire de l’esclavage dans leur visite guidée. Bien que l’asservissement des populations noires ait été la clé de voûte de leur bon fonctionnement, les expériences de visite proposées demeurent alors souvent teintées de stratégies d’effacement, de marginalisation et d’aseptisation du passé esclavagiste, au profit de pratiques qui tendent à idéaliser cette période. Dans le même temps, toutefois, dans d’autres de ces plantations, on observe aussi des approches différentes où la volonté de mieux intégrer les récits de vie des Noirs esclavisés s’attache à contrebalancer le discours sur l’esclavage dans son ensemble, avec des résultats souvent contrastés. Cette présentation repose sur des recherches développées au sein de la thèse de doctorat intitulée « A Journey to River Road : représentation et mémorialisation de l'esclavage dans les plantations touristiques de Louisiane », qui a obtenu ex-aequo le Prix de Thèse 2025 de la Fondation pour la
Mémoire de l’Esclavage