Pirates aux mille visages

Carte blanche aux éditions Anacharsis

Le fictif et le réel dans l’histoire des aventuriers des mers. Le seul énoncé du nom commun, « pirate », fait surgir le vent fou de la liberté sous les cieux des Caraïbes. Il n’est guère besoin d’en dire plus : un crâne et deux tibias, une bouteille de rhum, les sabres entrecroisés. Et pourquoi pas ? Comme type littéraire, le pirate autorise l’évasion du confort bourgeois, propose le frisson sans douleur de toutes les turpitudes pourvu qu’il y ait de l’aventure et qu’on se divertisse. Les ouvrages proposés par les éditions Anacharsis (L’Enfer de la flibuste ; Histoire du sieur de Montauban, capitaine flibustier ; Les Atrocités des pirates ; Les Infortunes d’Alonso Ramírez ; Aventures dans les Caraïbes) prennent à bras-le-corps ces délices d’affabulations pour en visiter les contours, plonger les mains dans la pâte même du mythe, dans la tourbe qui l’a vu naître. En contempler l’endroit – et en regarder l’envers. Qu’on ne s’y trompe pas, pourtant. Il ne sera pas question de démêler le vrai du faux : ce serait abdiquer le plaisir du vagabondage littéraire, renier le capitaine Crochet de Peter Pan dans son Neverland, nous n’oserions pas. Comme l’important est ailleurs – toujours ailleurs – on cherchera par contre à dévier le regard, à emprunter le chemin qui mène du réel au fictif et du fictif au réel, à comprendre comment l’un se confond avec l’autre sans chercher pour autant à les mélanger.