Pierre Sudreau : un itinéraire, de la résistance au centrisme politique
Carte blanche à la Fondation de la Résistance
Cette table-ronde présente le parcours riche et singulier de Pierre Sudreau, qui fut longtemps député-maire de Blois, tel qu’il a pu être étudié par une douzaine de chercheurs réunis lors d’un colloque en 2014, deux ans après son décès. Paru aux Presses universitaires de Rennes en mars 2017, l’ouvrage issu de ce colloque Pierre Sudreau (1919-2012) engagé, technocrate, homme d’influence, est une des très rares « biographies collectives » de ce genre consacrées à un résistant devenu ministre. Il tire profit, en particulier, du legs des papiers personnels de Pierre Sudreau aux Archives nationales. La table-ronde réunit les deux directeurs de l’ouvrage, Claire Andrieu et Michel Margairaz, autour d’Antoine Prost.
Pierre Sudreau appartient à la génération des grands experts-commis modernisateurs des Trente Glorieuses. Son parcours se distingue par des expériences professionnelles très diverses : haut-fonctionnaire, ministre, élu, président de nombreux groupements d’intérêt, comités et associations. Il incarne la fraction des élites placée à la frontière entre société civile et société politique, dont le rôle de passerelle active entre plusieurs milieux mérite attention.
L’itinéraire de Pierre Sudreau est encore plus remarquable par ses ruptures. L’étudiant engagé dans la Résistance manque d’abord de mourir en déportation. Il entame ensuite une trajectoire ascensionnelle spectaculaire - plus jeune préfet de France, ministre de la Construction puis de l’Éducation nationale du général de Gaulle - avant de démissionner en 1962 par refus du référendum constitutionnel. Il renonce à une carrière politique nationale, se consacrant à des fonctions électives locales, comme député-maire de Blois, et à de multiples postes de défense, de direction ou de représentation des activités productives privées, tout en professant un européisme convaincu. Cette reconversion lui vaudra de présider le comité qui a rédigé le Rapport sur la réforme de l’entreprise de 1975.