Mutations des métacadres sociaux et culturels, et mise en crise du travail : les transformations en cours dans les institutions de soin et de travail social
L’hypermodernité donne lieu à une mutation des métacadres sociaux et culturels qui modifie en profondeur l’ensemble des liens sociaux, et notamment la sphère du travail. Nous nous centrerons ici sur le quotidien des équipes de soin et de travail social ; dans ces institutions la « tâche primaire » (le soin, l’accompagnement) nécessitent un incessant travail de transformation de ce qui se présente de façon « brute » au travers des multiples symptômes, et dont la violence infiltre l’ensemble des liens institutionnels. L’injonction des tutelles à la restructuration, à la mise en place de « bonnes pratiques » et la protocolarisation qui en résulte, déstabilisent les fragiles équilibres requis, détruisant les liens d’équipes, isolant les professionnels et menaçant leurs assises professionnelles. Comment dès lors penser les bricolages collectifs qui s’inventent au quotidien des pratiques, et la mise en place de dispositifs à même de préserver l’engagement des professionnels auprès des différents « usagers ».
Dans ce contexte il convient en effet d’interroger la manière dont les « dispositifs de régulations » internes et externes (dont « l’analyse de la pratique » constitue le paradigme) participent à restaurer de l’intermédiaire, à maintenir l’investissement des sujets accueillis et à retrouver une indispensable créativité.