Montaigne

Il y a une énigme Montaigne. Comment un gentilhomme campagnard de fraîche noblesse, tout juste sorti d’une brève carrière de magistrat au parlement de Bordeaux, a-t-il pu concevoir le projet sans précédent de faire l’exploration de son univers intime ? Sa rencontre avec Étienne de La Boétie ou avec les « sauvages » du Nouveau Monde fournirait-elle une explication ? Bien plus, comment cet homme qui dit avoir en horreur les « nouvelletés » s’est-il accommodé, malgré son attachement au catholicisme, de la nouveauté inouïe que représentait la légalisation partielle du culte protestant en France, au point de s’être engagé activement en faveur de la coexistence pacifique entre les confessions et de tenter, au-delà des intolérances, de faire triompher ce qu’il appelle la « raison publique » ? Chercher à répondre à ces questions fait émerger la figure d’un homme singulier, qui tente de voir clair en en lui et autour de lui avec une lucidité et une ironie très savoureuses pour le lecteur de ses Essais.