Mères et enfants à l'épreuve de la mort : les ambivalences de la maternité dans la BD historique
À l'occasion de la publication de l'album : La sage-femme du roi de Hervé Duphot et d'Adeline Laffitte (Delcourt)
Longtemps objet tabou ou hypersexualisé, le corps féminin se livre de plus en plus dans la BD comme corps biologique, comme corps social et comme corps politique. De ce point de vue, la maternité a longtemps été traitée sous l'angle anecdotique, avant d'être abordée plus directement, à partir des années 1970, sous l'angle humoristique ou sous celui de la chronique de mœurs. Mais le sujet apparaît aussi de plus en plus dans la BD historique. En 2020, dans le 3e tome d'une biographie dessinée de Cléopâtre (Delcourt), la scénariste Marie Gloris Bardiaux-Vaïente s'était longuement attardée sur le sujet pour en faire une clé de compréhension du pouvoir royal au féminin. Avec nos trois invitées, nous avons voulu revenir sur la façon dont la BD historique, nourrie d'enjeux contemporains, envisage l'ambivalence de la maternité, entre vie et mort de la mère, vie et mort de l'enfant. À travers trois albums ou séries - Médée, Le manifeste des 343 et La sage-femme du roi - nous explorerons la façon dont des autrices contemporaines abordent, à travers figures historiques et mythologiques, des sujets aussi sensibles que celui de la mise en péril voire de la mort des femmes en couches ou dans le cadre d'un avortement clandestin, celui de l'infanticide ou celui du deuil de l'enfant.