Mer et ports, ouvertures sur une histoire ouvrière et syndicale (XIXe-XXIe siècles)
Carte blanche à l'Insititut CGT d'histoire sociale
Qu’il s’agisse des pêcheurs, des marins et des officiers de la marine marchande, des dockers, des mareyeurs, des sardinières, des ouvriers de la réparation et des constructions navales, les activités maritimes et portuaires s’exercent sous de fortes contraintes. Les unes tiennent à la pénibilité de travaux dangereux accomplis en milieux périlleux ou insalubres, facteurs de rigueur et de cohésion. D’autres découlent de leurs sujétions aux fluctuations conjuguées de la météorologie, des trafics saisonniers et des spéculations commerciales, propices à l’incertitude de l’emploi comme aux concurrences à l’embauche. D’autres, enfin, renvoient à leur rôle dans les mondialisations successives, dont les modalités et les enjeux stratégiques n’ont cessé d’impliquer les États à travers l’imposition de normes et de règles à l’origine de régimes disciplinaires et de statuts salariaux dérogatoires du droit commun du travail.
Ces cadres et les solidarités élémentaires qu’ils construisent au quotidien ont favorisé l’affirmation de puissantes solidarités et identités corporatives que le syndicalisme a contribué à forger durablement. Ainsi s’est-il appliqué, avec des succès notables, à surmonter les concurrences à l’embauche afin d’améliorer les conditions de travail et de vie, à consolider les droits acquis, reconsidérés et étayés par de nouveaux détachés des rigueurs quasi militaires d’antan ou des précarités de l’intermittence. Les luttes, souvent rudes, spectaculaires et diversifiées, ont mis en œuvre des pratiques inédites et entretenu un large savoir-faire contractuel. L’expérience a confirmé l’horizon international de tactiques et de stratégies parfois élaborées à cette échelle. Elle révéla aussi une force de frappe ouvrière potentiellement mobilisable contre les guerres ou dans une perspective révolutionnaire.
La table ronde se propose, à travers les regards croisés de syndicalistes et de chercheurs, de revenir sur la dimension ouvrière et syndicale de l’histoire maritime et portuaire.