Mémoires coloniales, « mémoires enterrées vives » ?
Un dimanche d’août 2021, les touristes découvrent un gigantesque tag sur le « Monument des Découvertes » à Lisbonne dénonçant, en anglais, le passé colonial portugais et une « humanité qui se noie dans une mer écarlate en naviguant aveuglément pour de l’argent ». Construit au temps de Salazar le long des quais du Tage, à Belém, ce monument semble incarner ces « mémoires enterrées vives » et la persistance dans les esprits de l’empire salazariste, cet « empire-masque » nimbé de ses mythes sur une « Portugalité » exemplaire et la splendeur du Portugal, de ce « petit jardin planté au bord de la mer ». Avec en toile de fond ce luso-tropicalisme faisant croire en une colonisation douce et métissée.
Près de cinquante ans après le renversement de la dictature salazariste, le récit national reste très marqué par une narration coloniale glorifiant les héros de l’expansion maritime et minorant la part relative à l’esclavage et au travail forcé, avec une opinion publique réticente à toute remise en cause de ce passé. À l’heure où diversité et pluriculturalisme font resurgir des mémoires trop longtemps refoulées, comment regarder cette histoire dans toute sa complexité et ses zones d’ombre ? Cette table-ronde propose un état des lieux des connaissances et des recherches en cours, du double point de vue des colonisateurs et des colonisés.