Maux de mer, mots de navigants, les naufrages dans le golfe du Lion, XVIIIe et XIXe siècles
Le naufrage est un événement qui donne à voir les relations qu’entretiennent les navigants, mais aussi les communautés littorales, à la mer et ses colères. Physiques, matérielles, économiques, humaines et environnementales, les fortunes de mer sont des objets d’études hybrides. Les récits de naufrages mettent en lumière la violence d’un environnement déchainé à travers la coque d’un bâtiment qui explose contre les rochers ou le corps d’un mousse noyé abandonné au ressac contre le sable. Ces accidents laissent des traces, écrites et matérielles, qui éclairent les rapports qu’entretiennent les communautés littorales et navigantes avec leur environnement. En s’appuyant sur une vaste documentation émanant de différentes institutions ayant enregistré les accidents de mer survenus entre 1700 et 1920 dans le golfe du Lion, 988 naufrages ont pu être identifiés. Faisant largement intervenir la mer, chacun de ces événements donne lieu à des déclarations, autant de témoignages dans lesquels les navigants mettent des mots sur leurs maux en mer. De l’étude de cas à celle des dynamiques climatiques à l’échelle du golfe du Lion, cette communication d’histoire environnementale (tout en mobilisant différentes disciplines telles que la géomorphologie, l’archéologie, ou la paléoclimatologie) propose d’appréhender les naufrages comme des événements permettant de saisir la mer, ceux qui la pratiquent et la vivent.