L'innovation comme enjeu de société : fonctions sociales, acteurs et conflits

Carte blanche au Syndicat National des Enseignements du Second degré

Il s'agit pour nous d’interroger à travers trois grandes périodes historiques les interactions entre sociétés et sciences et techniques. Nous souhaitons que les échanges portent sur les acteurs et actrices des innovations, les représentations de l’innovation en tant qu’elle apparaît légitime ou pas, utile ou pas. Nous souhaitons enfin questionner les réactions des sociétés face à ces innovations, qu’il s’agisse de résistances, de craintes mais aussi d’intérêt ou d’engouement. Le cadrage chronologique de cette table ronde est en lien avec le public auquel elle s'adresse prioritairement : les enseignant.e.s du secondaire, et plus largement toutes celles et ceux pour qui l'histoire scolaire et le monde de la recherche doivent dialoguer le plus possible. En effet la question des sciences et des techniques traverse largement les programmes du collège et du lycée et notre volonté est de tenter d’apporter un éclairage précis sur ces points en liens avec les programmes : qu’il s’agisse des innovations techniques médiévales traités en 5e et en seconde, des bouleversements scientifiques et techniques des XVIe et XVIIe traités dans les mêmes classes, du Siècle des Lumières abordé en seconde, de la « révolution » industrielle et de ses conséquences vues en 4e et en première...

Chacun.e des intervenant.e.s apporte un éclairage différent à nos problématiques. Mathieu Arnoux s’intéresse aux innovations médiévales, entre croissance et résilience, en les replaçant dans leur contexte économique. Il peut éclairer la complexité des rapports entre innovation et conjoncture, et mettre en évidence comment les innovations les plus spectaculaires se placent en période de crise, ce qui est bien différent de vision habituelle qui associe, au XIXe siècle, innovation et croissance (vision très présente dans les programmes d'histoire du collège et du lycée). Décaler le regard sur la « révolution industrielle », c'est ce que nous permet aussi, François Jarrige, qui pose la question de l’innovation en rapport aux acteurs qu'en sont les ouvriers, aux machines et aux machinismes. Lilianne Hilaire Perez apporte son analyse du temps long de l’époque moderne en portant son attention sur d'autres types d'acteurs, les inventeurs et les institutions, du XVIe jusqu’au XIXe siècle. Enfin Guillaume Carnino propose d’interroger la dialectique entre la crainte à la révérence, dans l’histoire de l'innovation du XIXe siècle à nos jours, pour montrer comment, en l'aplatissant sur l'idée d'invention, l'industrialisation a participé à la transformation de l'innovation en panacée, puis comment, aujourd'hui, le terme a en partie hérité de la notion de progrès, ramenée à la temporalité actuelle davantage brève et saccadée.

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L'innovation comme enjeu de société : fonctions sociales, acteurs et conflits
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