L'honneur de Jeanne d'Arc au Moyen Âge

Jeanne d’Arc aurait dû devenir une « femme d’honneur » : jeune fille aux mœurs irréprochables, née de parents unis en légitime mariage et de paysans aisés, éduquée dans le respect de la religion, elle devait se marier... Il n’en a rien été : les voix qu’elle entend à treize ans lui commandent de bouter les Anglais hors du royaume de France. À 18 ans, en prenant les armes, en convainquant le dauphin Charles qu’il est le vrai roi, elle s’attire la haine des Anglais et des Bourguignons. Ils n’ont pas d’autre solution que de la déshonorer pour entraîner dans ce même déshonneur Charles VII sacré à Reims le 17 juillet 1429. Capturée, Jeanne résiste, elle conserve son habit d’homme, mais le procès et la prison la broient. Son supplice –le feu– signe son hérésie et sa sorcellerie. Car elle est une sorcière aux yeux de ses ennemis, surtout les Anglais. Elle les a envoûtés, croient-ils, et pour faire disparaître le sort qui provoque leurs défaites depuis le siège d’Orléans (8 mai 1429), ils doivent la brûler. Dans une partie de l’opinion, Jeanne est également une « putain ribaude » : comment expliquer autrement sa présence dans l’armée ? D’après un document judiciaire inédit, trente ans après le supplice, un noble nivernais reprend cette injure pour la diffamer. L’accusation est particulièrement grave dans cette société de l’honneur et elle peut faire basculer les femmes dans la prostitution si elle n’est pas démentie. Qui pouvait venger Jeanne sinon elle-même ? Ce fut un échec. Certes, le procès en nullité qui s’achève le 7 juillet 1456 rétablit sa fama- sa renommée- mais, sans éclat, il contribue surtout à magnifier le roi.

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