L’histoire environnementale au prisme des images
Carte blanche au Centre de recherches historiques
En histoire environnementale, on accorde souvent aux photographies spatiales réalisées lors des missions Apollo une place centrale dans la montée de l’environnementalisme au cours de la guerre froide. Notamment l’une d’entre elles, la « Bille bleue » réalisée en 1972 à bord d’Apollo 17, est devenue une icône d’une planète fragile, isolée dans le vide sidéral et dont il faut prendre soin. Or, du point de vue de l'histoire environnementale, les images spatiales de la NASA représentent uniquement des matérialisations très récentes dans une longue chaîne de productions visuelles qui ont aidé à forger les visions historiques occidentales de l’environnement. Ainsi, la demi-journée d’études « L'histoire environnementale au prisme des images » propose d’interroger dans le temps long (du Moyen Âge jusqu’à aujourd’hui) le rôle crucial des images (et des cultures visuelles en général) dans la construction historique de nos rapports à l’environnement, et de nos visions de celui-ci.
L’objectif central sera de saisir à l’aide de plusieurs études de cas précis (la gestion des forêts et la gestion de l’eau ; l'industrialisation et les nuisances environnementales ; la naissance des mouvements de protection de la nature et la peinture de paysage ; les imaginaires environnementaux de l’Afrique) les fonctions très diverses qu’occupent les images en histoire environnementale. Une thèse centrale que nous allons interroger tout au long de cette demi-journée d'études consiste à dire que les images participent activement et de façons très diverses (par leur forme et par les médias employés, par leurs styles formels, mais aussi par les imaginaires mobilisés) à la construction de nos rapports historiques à l’environnement. Ainsi, face à une grande diversité d’objets visuels (cartes, graphes, tableaux, peintures, dessins, croquis, gravures, photographies et films), nous tenterons de comprendre et d'explorer ensemble quelles questions les historien.ne.s peuvent se poser aujourd’hui en histoire environnementale (et en histoire de manière plus générale) pour contribuer à une nouvelle histoire re-matérialisée de l’environnement.
Avec les interventions de :
Marie DELCOURTE-DEBARRE, « Retracer » les évolutions spatio-temporelles d’un paysage forestier : approche en recherche-création (Avesnois, XIV-XVIIe siècle »
Raphael MORERA, À chaque carte sa rivière. Quelles vues de l'environnement au XVIIIe siècle ?
Thomas LE ROUX, Les images de l'industrie : paysages, travail et environnement
Charles-François MATHIS, Représenter le paysage pour mieux le protéger ?
Guillaume BLANC, D’Hemingway au Roi Lion : imaginaires coloniaux et post-coloniaux de la nature africaine