Les vivants et les morts dans l’espace public au Moyen Âge
Les historiens s’intéressent moins aujourd’hui aux attitudes face à la mort, à laquelle ont été consacrées de grandes fresques historiques, tout particulièrement en France dans les années 1970-1980 (Philippe Ariès, Michel Vovelle), qu’aux pratiques et aux représentations qui construisent la place des morts au sein de la société et fixent leurs relations avec les vivants. Ce sont des anthropologues, comme Robert Hertz au début du 20e siècle, puis des archéologues, surtout à partir des années 2000, qui ont mis en évidence les enjeux de ces relations entre vivants et morts pour la reproduction sociale. Dans l’Occident médiéval, trois phénomènes ont contribué à placer les morts au cœur de l’espace public : i) l’organisation des espaces funéraires autour des lieux de culte, ii) l’installation des sépultures au cœur de l’espace habité et iii) la prise en charge des pratiques funéraires par l’institution ecclésiale. On s’interrogera sur la mise en place, entre Antiquité et Moyen Âge, sur la logique sociale et sur la fin, entre le 18e et le 19e siècle, de ce système de relations entre vivants et morts. Pour une mise en oeuvre pédagogiques de ce sujet, la conférence s'intéressera à deux types de documentations des XVe-XVIe siècles : l'iconographie et les monuments historiques. La représentation des morts dans la peinture et la sculpture, au tournant du Moyen Age et de la Modernité, offre des ressources qui complètent l'archéologie (Jugements derniers, retables funéraires, gisants, danses macabres...). Par ailleurs des lieux emblématiques dédiés aux morts (comme l'aître Saint-Saturnin à Blois) permettent d'aborder leur présence au sein de l'espace urbain et "à l'étage des vivants", à la différence des cimetières.