Les statues sont-elles immuables ? Contestation et déboulonnage de la Révolution française à Black Lives Matter
Carte blanche aux éditions Payot
Avec le mouvement Black Lives Matter, les statues de figures liées à l’esclavagisme et au colonialisme ne cessent d’être malmenées, quand elles ne sont pas purement retirées, partout dans le monde. Ainsi du déboulonnage de celle du général confédéré Robert Lee, à Richmond en Virginie, le 8 septembre 2021, ou le vandalisme de celle du roi des Belges Léopold II en réaction contre son action au Congo, à Bruxelles le 10 juin 2020.
On replacera cette actualité brûlante dans un contexte historique large car, depuis la Révolution française au moins, on s’est toujours attaqué aux monuments élevés dans l’espace public pour des raisons principalement politiques. Cette histoire de la statuophobie dessine une généalogie mondiale de la contestation, depuis les dégradations infligées aux statues royales en 1789 ou à la colonne Vendôme en 1871, en passant par le déboulonnage des effigies de Marx, Lénine, Staline ou Dzerjinski après la chute du communisme dans les pays de l’Est, la destruction des Bouddhas de Bamiyan sous les explosifs des talibans ou des statues de dictateurs lors des Printemps arabes, jusqu’aux personnalités pro-esclavagistes et racistes aux États-Unis et en Afrique du Sud, comme en Europe.
On s’interrogera enfin sur la place des statues dans cet espace public, les enjeux de mémoire que leur érection implique, les motifs de leur contestation, le répertoire parfois surprenant des actions perpétrées contre elles (de l’iconoclash en passant par le graffiti, l’empaquetage, la destruction ou le yarn bombing, le tricot graffiti !), la valeur symbolique, sociale et politique de ces dernières, la médiatisation de leur mondialisation et leurs conséquences pour l’avenir.