Les phénix de l'Atlantique : réinventer ses identités en mer à l'époque moderne
Après les premières traversées transatlantiques ibériques, l’Atlantique apparaît comme un lieu de tous les possibles. Comment l’aventure maritime, dans toute sa diversité d’acteurs et de pratiques semble devenir un moyen de construction identitaire ? Les quatre présentations qui composent cette table-ronde interrogent des parcours multiples à partir de l’expérience en mer. Ainsi, au début du XVIIe siècle, le Castillan Pedro Ordóñez de Ceballos, homme aux multiples facettes, rapporte ses traversées maritimes, afin de se constituer une réputation d’expert au sein de la Monarchie Hispanique. Cette dynamique individuelle est aussi observable pour le mulâtre tangérois Gaspar Riveros Vasconcelos, devenu polyglotte et astrologue érudit au fil de ses voyages À l’échelle d’un groupe, les Jorge, famille de riches négociants sévillans et judéo-convers du XVIe siècle, s’enrichissent par la traite négrière et affirment une identité privilégiée malgré les aléas de la navigation. Enfin, à la fin du XVIIIe siècle, des esclaves fugitifs alliés aux corsaires francophones sur l’île de Trinidad, construisent une identité collective révolutionnaire. L’espace atlantique pouvait aussi être un espace de résistance aux structures sociales, si rigides dans la péninsule Ibérique. Grâce à leurs réseaux et à leurs capacités d’action, ces “phénix de l’Atlantique” réinventent leurs identités en se jouant des frontières et des assignations.