Les morts et les vivants dans le conflit nord-irlandais
Carte Blanche à l'UTL de Blois Le conflit nord-irlandais, du début des années 1970 à ses échos au début du 21e siècle en passant par ses racines révolutionnaires, est marqué par l’exploitation de pratiques culturelles ancrées dans un passé religieux et politique que mobilisent les groupes militants et paramilitaires. L’histoire des groupes républicains et nationalistes, qui s’opposent à l’unionisme des groupes loyalistes, est marquée par une mobilisation des morts par les vivants, lesquels sont obligés par ces premiers : la généalogie du conflit, ses causes et ses solutions sont ainsi comprises à travers le récit et la mise en scène de la mort, pratiques qui se veulent tant subversives que communautaires. Opposant alors au discours politique britannique dominant, et à ses diverses mises en œuvre militaires, une “culture de la mort” propre à l’espace nord-irlandais, les morts occupent les discours, les luttes et les vies des républicains. C’est un ensemble de pratiques éprouvées tout au long du 20e siècle qui nous intéressera : la transmission de techniques de résistance, la relation à l’emprisonnement, la grève de la faim, l’enterrement paramilitaire… Des discours de Patrick Pearse aux poèmes de Bobby Sands, sans oublier les célèbres murals dans les rues de Belfast et de Derry, la rencontre des morts et des vivants nous donne à analyser le rôle de l’historicisation d’une lutte organisée par ses martyrs : le passé façonne le présent au prisme de ces corps “hantés”.