Les Jeux Olympiques : la montée des nationalismes (1920-1940)
Carte Blanche à CASDEN En 2022, une table ronde similaire rassemblait les même auteurs/auteures coordinateurs du programme « Histoire, Sport & Citoyenneté » autour de la Guerre froide et les Jeux Olympiques. En 2023, les mêmes spécialistes s’attachent à la montée des nationalismes et à l’entre-deux-guerres au regard des Jeux Olympiques. Cette époque s’ouvre en 1920 avec les Jeux Olympiques d’Anvers, en Belgique, pays martyr de la Première Guerre mondiale. Ces « Jeux des vainqueurs » excluent les nations vaincues, notamment l’Allemagne et l’Autriche, tout en continuant paradoxalement à proclamer la vocation pacifique et universaliste de l’olympisme. La chute des grands empires européens provoque alors une recomposition géopolitique mondiale et la multiplication des Comités nationaux olympiques. En 1924, les Jeux Olympiques de Paris semblent ouvrir une nouvelle ère de paix, tout comme les Jeux de 1928 à Amsterdam. Leur popularité croissante s’accompagne de l’apparition de vedettes sportives dont la renommée est portée par la médiatisation croissante des compétitions. Ces vedettes deviennent de véritables « ambassadeurs », acteurs, bon gré mal gré, de la politique étrangère de leur pays, quelle que soit la nature du régime. Par ailleurs, les Jeux de 1932 à Los Angeles, marqués par la crise économique mondiale, montrent qu’un financement privé est possible et peut être rentable ; les Jeux faisant par ailleurs la promotion d’une ville-monde cosmopolite et technologiquement avancée. Mais les enjeux internationaux et idéologiques y sont aussi de mise : si la première place des États-Unis au palmarès des médailles consacre la nouvelle première puissance mondiale, la deuxième place de l’Italie sert la propagande du régime fasciste. Les États, démocratiques ou totalitaires, trouvent dans le sport un moyen de rassembler la communauté nationale tout en mettant en jeu le prestige national sur la scène internationale. L’essor des totalitarismes agressifs, la crise économique mondiale de 1929 et la montée des tensions en Europe favorisent cette évolution. Alors que l’URSS refuse de participer à ces manifestations sportives « bourgeoises », l’Allemagne nazie saisit l’occasion de légitimer son régime sur la scène mondiale et entend faire des Jeux de 1936 la vitrine de la supériorité de son modèle totalitaire. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le Japon puissance de l’Axe renonce à organiser les Jeux Olympiques prévus à Tokyo en 1940 en raison du déclenchement du conflit sino-japonais en 1937. Quant à la Finlande, qui devait remplacer Tokyo, elle est contrainte de renoncer à son tour après l’invasion soviétique du pays en novembre 1939. Si le système olympique en est bousculé, le nationalisme à son paroxysme et toutes les dictatures ont fait du sport un éléments central de leur idéologie politique et de leur propagande.