Les fakes news sont-elles un danger pour la démocratie ?
À l’ère numérique, nul besoin d’être journaliste, n’importe qui peut diffuser des informations, accessibles gratuitement à l’échelle planétaire. Économie de l’attention, viralité : quels sont les enjeux économiques qui sous-tendent la fabrique des fausses nouvelles ? Les libertés fondamentales sont-elles remises en cause ?
Depuis près de 15 ans, les médias sont au cœur d’une double révolution. Une révolution industrielle qui bouleverse les modalités de production, de distribution et de promotion des biens et des services. Et une révolution cognitive par laquelle les technologies ne se réduisent pas à de simples machines-outils mais forment un environnement englobant, au sein duquel les individus s’expriment, échangent, tissent des liens, etc.
Le numérique a redistribué les cartes des médias. Quiconque peut, à tout moment, n’importe où et sur n’importe quel support, accéder gratuitement ou moyennant paiement, aux contenus. Dans l’univers du numérique, plus besoin d’être journaliste ou expert, le citoyen au cœur de ce nouvel écosystème, peut lui-même fabriquer et diffuser des informations sur les plateformes et les réseaux sociaux.
Par ailleurs, ces nouveaux vecteurs de diffusion de l’information s’appuient sur des modèles économiques qui sont caractéristiques de l’économie numérique - gratuité d’accès, économie de l’attention, viralité du marketing. C’est dans cet environnement d’industrie de « société civile numérisée » que la proposition de loi « Lutte contre la manipulation de l’information » a fait son entrée dans le débat public, sous le vocable de lutte contre les « fake news ». Quels sont les enjeux économiques qui sous-tendent la fabrique des fausses nouvelles ? Quels sont les dispositifs techniques qui pourraient les contrecarrer ? Quel est le rôle des plateformes ? Les libertés publiques et fondamentales sont-elles remises en cause ?