Les enjeux de l'histoire religieuse pour le XXIe siècle
Carte blanche aux Presses Universitaires de Rennes (PUR)
C’est l’un des paradoxes de nos sociétés contemporaines que d’être à la fois celles du « désenchantement du monde » (Marcel Gauchet), c’est-à-dire des sociétés largement sorties de la religion, et celles d’un retour du religieux qui fait écho à la phrase peut-être apocryphe d’André Malraux sur le XXIe siècle qui devait être religieux ou ne pas être. Entre indifférence religieuse, approches religieuses libérales ou intégrales (y compris dans des versions intransigeantes voire violentes) et quêtes métaphysiques hors cadres, les choix contemporains sont indiscutablement divers. Pour autant, la question religieuse est indiscutablement l’un des grands défis posés à l’humanité aujourd’hui. Si les sociétés de la partie ouest du continent eurasiatique (qui ont largement dominé et rayonné sur le monde pendant deux siècles et demi) se sont sécularisées, les autres sociétés n'ont pas suivi le même tempo dans leur rapport au religieux (la sécularisation les a également travaillées mais elles ont connu des "réveils" religieux post-indépendances). Or, dans le contexte de la mondialisation, et du fait notamment des mouvements migratoires, les contacts entre des populations dont le rapport au religieux est fondamentalement différent se multiplient. La question de la coexistence au sein de sociétés largement sécularisées, mais qui n’ont pas toute le même rapport à la laïcité, de populations largement indifférentes au fait religieux et de populations dont les demandes en la matière sont importantes est source de tensions multiples. De la même manière, l’effacement du religieux a laissé la place à un vide métaphysique sur les conséquences duquel il faut s’interroger. Dans cette perspective, l’histoire religieuse est essentielle pour nous permettre de comprendre le monde dans lequel nous vivons et l’avenir qui se prépare.