© Bénédicte Roscot
Les Cartes Blanches

Les cartes postales de grands ensembles, des archives populaires de la modernisation urbaine

Carte Blanche à l'Université du Temps Libre de Blois et sa région
Apparue au début des années 1870, la carte postale devient rapidement un produit de masse avec près de 800 millions d’exemplaires distribués chaque année à la seule échelle française. La démocratisation de l’appareil photo à partir des années 1960 et l’entrée du téléphone dans les foyers dans la décennie suivante réduiront progressivement son usage à un simple rituel de vacances.
Devenue objet du passé, la carte postale bénéficie pourtant d’un regain d’intérêt, y compris auprès des chercheurs en sciences sociales. Avec le texte figurant au verso, elle gagne légitimement son statut d’archive populaire.
C’est dans cette double perspective que les cartes postales de grands ensembles d’habitat social seront abordées dans la conférence. Prenant appui sur la collecte et l’exploitation d’un corpus de plus de 3000 cartes, Renaud Epstein met en regard ces grands ensembles avec l’intimité des foyers français : d’un côté la modernisation urbaine et la promesse d’un progrès social, de l’autre le besoin pour les résidents de garder un lien avec des racines devenues de plus en plus lointaines.

L’intérêt historique de ces cartes postales réside dans leur caractère recto-verso. Les photographies du recto permettent de documenter le vaste programme de modernisation urbaine conduit par un Etat centralisé dans les décennies d’après-guerre, en même temps qu’il révèle, derrière l’uniformité de chaque quartier, la diversité des formes urbaines auxquelles il a donné naissance. Les textes du verso permettent d’accéder aux récits de leurs habitants et ainsi de revisiter par le bas un pan de l’histoire urbaine qui est le plus souvent abordé par le haut.

© Bénédicte Roscot
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