L'enfer de la Révolution ou la Révolution aux enfers

Carte blanche à la revue Annales Historiques de la Révolution Française

Les images produites durant la période révolutionnaire étonnent à plus d’un titre : par leur nombre – plusieurs milliers, sans doute 6 à 7 000, il est difficile de les compter en raison des réemplois fréquents avec peu de variantes – et par leur diversité, de la planche très travaillée de l’immense entreprise des Tableaux historiques de la Révolution française de Prieur et Berthault à la caricature anonyme sur une feuille de petit format vendue quelques sols. Les contemporains de l’événement ont voulu le raconter, s’en souvenir, l’héroïser ou le dénigrer. On assiste à l’éclosion d’une culture visuelle de haute intensité (voir G. Mazeau, P. Dupuy, C. Guichard, R. Taws et P. Griener, « Cultures visuelles et révolutions : enjeux et nouvelles problématiques » Annales historiques de la Révolution française, 2013, n°372, 143-160). Images, héroïques et emphatiques ou caustiques et caricaturales, cette iconographie emprunte au vocabulaire graphique du passé et fonde une grammaire des signes qui ne peut être comprise que par une analyse et une contextualisation fines. Le thème de l’au-delà, s’il n’est pas nouveau puisque la rhétorique des « Dialogues des morts » est très usitée depuis l’âge classique, devient très spectaculaire lorsqu’il investit réellement le domaine des morts, les Enfers, où se trouvent projetés tantôt Marat ou Mirabeau, tantôt Louis XVI ou Robespierre et bien d’autres encore.

Les quatre intervenants opèreront une plongée fantasmatique dans les Enfers ainsi que la perpétuation de ces thèmes au-delà de la période révolutionnaire. Claire Trévien et Annie Duprat s’attacheront à montrer les descentes au royaume de Minos de Marat, Mirabeau, Louis XVI et Marie-Antoinette. Pascal Dupuy analysera les transformations de l’esthétique gothique (Mary Shelley et son Frankenstein, le 10 août 1792 vu par le peintre Zoffany) en Grande Bretagne, où le retentissement de la Révolution française a été immense. L’ombre portée de ces imaginaires infernaux les intègre dans l’histoire du premier XIXe siècle où on peut observer un revival de l’imaginaire de la Révolution malgré la censure napoléonienne, et jusque dans les premiers dessins de Philipon, comme l’expliquera Richard Wrigley.

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