Le rire de Kléber
Les rois riaient-ils ? Il ne semble pas que le millénaire capétien ait véhiculé le rire comme vertu cardinale du pouvoir politique, alors même que le Moyen-Âge, la Renaissance et l’Âge Classique ont creusé les fondations d’une « culture des rieurs », recoupant l’identité française. Cette liesse du populaire participe incontestablement de la culture républicaine dans sa version « combattante », n’en déplaise à Robespierre et à son hiératisme. Se développe dès lors une mythologie de la joie révolutionnaire et du banquet des citoyens qui n’est pas seulement un marqueur politique mais aussi un point d’ancrage de l’imaginaire national. Or, dans l’iconographie révolutionnaire, le sans-culotte rit peu. S’il rit, c’est sous le trait des contre-révolutionnaires (James Gillray par exemple) qui englobent dans un rictus cannibale leur désapprobation de la révolution toute entière. Ma communication examinera la possibilité d’un « rire républicain » à l’origine (entre autres) d’une part de notre culture civique.