Le mort, le juge et le vif : transmettre du Moyen Âge à nos jours
Carte Blanche à l'Association Française pour l'Histoire de la Justice (AFHJ) En partenariat avec histoire et patrimoine de la justice Le mort, le juge et le « vif » : transmettre, du Moyen Âge à nos jours « Le mort saisit le vif », cet adage issu du Moyen Âge structure la transmission des biens dans la société d’Ancien régime et favorise la vision patriarcale et mémorielle de la famille que les codes napoléoniens ont en grande partie reprise. Dans une première partie, on rappellera quels conflits de succession font intervenir le juge, passant éventuellement du civil au criminel. L’honneur est au cœur de la procédure, d’où l’importance des réhabilitations judiciaires (affaire Flavy au XVe siècle, Calas au XVIIIe siècle, Rivière au XIXe siècle). Depuis la seconde guerre mondiale, la justice transmet une mémoire transgénérationnelle, qu’il s’agisse des demandes de réparations des descendants d’esclaves ou de la spoliation des biens des juifs. Une seconde partie cherchera à savoir comment le « vif » saisit le mort ou comment les décisions judiciaires, voire le procès lui-même, établissent et garantissent la mémoire. Sous l’Ancien régime, elle se transmet par des rites (ressaisine pour les biens, amende honorable). C’est encore le cas dans les territoires coutumiers français (Guyane). Des conflits de mémoire existent (Martin Guerre). Des représentations du condamné lient passé, présent et futur. Après la seconde guerre mondiale, le procès lui-même devient porteur de mémoire, voire d’histoire, avec constitution d’archives écrites et filmées. Aujourd’hui, les procès terroristes participent d’un cérémonial destiné à transmettre le souvenir et à apaiser les parties civiles. Autrement dit, même si elle peut s’en défendre, la justice participe au travail de deuil pour les familles et la collectivité tout entière.