Le monde rural à l'épreuve du travail
carte blanche à la Revue Études rurales
Études rurales envisage son domaine de spécialité dans une perspective résolument interdisciplinaire tout en maintenant une forte pluralité thématique comme géographique. C’est donc de manière transversale, au fil des dossiers publiés, qu’Études rurales a abordé la question du travail. Les mondes ruraux sont aux avant-postes des mutations des conditions de travail, dans un monde globalisé et métropolisé. Des mondes, qui ont été, d’ailleurs, historiquement construits en tant que lieux production. Les dossiers publiés récemment montrent à quels points les mondes ruraux sont tout à la fois des laboratoires et des caisses de résonance des évolutions des rapports sociaux dans le monde du travail. Aménager et transformer les territoires pour les faire entrer en production implique une mise au travail et, bien souvent, un contrôle des populations. Posséder la terre et l’exploiter sont des positions complémentaires dont l’interaction repose sur l’organisation du travail et des relations de subordination allant de la sujétion la plus totale à l’élaboration d’un salariat protégé. Car, si le travail rural est protéiforme, il laisse une marge d’inventivité et de créativité aux ruraux eux-mêmes. Le dossier sur la conquête des zones humides, à des fins de mise en culture, a montré qu’elle passe par la mise au travail des populations autochtones voire par leur éviction au profit du système productif. Quant au numéro consacré aux agricultures américaines (XVIIIe-XXe siècle), il analyse le rôle capital des relations entre travailleurs et propriétaires terriens. Enfin, les enquêtes sociologiques, très présentes dans la revue, soulignent la diversité du travail dans les campagnes. Qu’il s’agisse d’apiculture, de mandat politique ou de co-working, le monde rural n’échappe décidément pas aux métamorphoses contemporaines.