Le cinéma français sous l'Occupation : une fortune paradoxale
Cette table-ronde vise à interroger l’idée d’un “âge d’or” du cinéma français de la période 1940-1944. Cette notion a été construite par des critiques de l’époque, qui furent les premiers historiens du cinéma de l’Occupation, s’appuyant notamment sur l’absence presque totale de films promouvant la propagande ennemie et sur la réalisation d’œuvres prestigieuses (Les Visiteurs du soir). Cette représentation, en lien avec un récit national dans lequel le cinéma français s’intègre pleinement, sera questionnée à l’aune de nouvelles recherches. L’étude de trajectoires individuelles (stars, personnalités fuyant les persécutions, collectionneurs et producteurs cherchant à protéger leurs films), de structures (sociétés de production, institutions publiques, autorités d’occupation), de la réception des films (Pontcarral, Le Corbeau) doit permettre de nuancer le regard rétrospectif sur ce cinéma. De même, l’examen de l’organisation par l’Allemagne nazie de la confiscation des films est possible grâce aux sources nouvellement accessibles. L’enjeu est de participer à écrire une histoire du cinéma émancipée de l’histoire des films.