L'Aventure de Madame Muir de Joseph L. MANKIEWICZ
L'Aventure de Madame Muir (The Ghost and Mrs Muir) de Joseph L. MANKIEWICZ, Fiction, Etats-Unis, 1947, 1h45, VOSTF, Swashbuckler Films, avec Giene Tierney, RexHarrison , George Sanders
En Angleterre au xix e siècle une ravissante et jeune veuve décide de s’installer au bord de la mer avec sa fille et sa servante dans un cottage réputé hanté par le fantôme du capitaine Gregg. Loin d’être terrorisée elle est au contraire fascinée à l’idée d’habiter avec un fantôme. Un soir il lui apparaît…
"Soyons subjectifs, Mrs Muir est le plus beau film de Mankiewicz. Celui dans lequel, pardon aux amateurs de la malice du Limier, de l’intimité douloureuse de La Comtesse aux pieds nus, du cynisme délectable d’Eve, s’exprime toute la quintessence de son art. Une réalisation qui tutoie la perfection, dont l’élégance n’a d’égale que la discrétion. Photographie, cadrages, mouvements de caméra, portés par la sublime partition de Bernard Herrmann, sont encore une fois au service du récit. Les comédiens sont à leur meilleur, Gene Tierney en tête, qui forme avec Rex Harrison un couple à la dimension amoureuse quasi mystique, et, dans l’ombre, George Sanders, brillant et raffiné. Histoire de fantôme, de fantasme, d’un romantisme fou et d’une mélancolie poignante, d’une profonde modernité, Mrs Muir se démarque aussi par son féminisme affirmé. Lucy se libère de ses carcans, devient peu à peu maîtresse de ses choix, de sa vie. Assume sa destinée. On vit, souffre, espère, palpite, au diapason de ses soupirs. Il n’y a pas de hasard, puisque Lucy signifie « lumière ». Et elle est lumière, éclairée de l’intérieur, illuminée par son amour pour ce capitaine qu’elle est la seule à voir. La maison est un personnage à part entière, la mer s’agite au loin, sublimement symbolique. Mankiewicz ajoute avec finesse des touches de sensualité, et l’histoire prend alors une épaisseur presque charnelle. L’amour est le voyage d’une vie : « il y a la quête de quelque chose d’autre, et les déceptions que l’on rencontre », expliquait Mankiewicz. Magnifique, déchirant, bouleversant." (La Cinémathèque)