L’architecture comme symbole du pouvoir : la perpétuelle R/renaissance d’un imaginaire ?

Le château est le lieu d’une projection idéalisée et d’une mise en scène du pouvoir et de la gouvernance. À la fin du Moyen Âge, le château défensif devient peu à peu résidentiel, lieu d’exercice du pouvoir et de villégiature qui intègre des éléments architecturaux modèles, purement décoratifs et symboliques. Ces formes-modèles pétrifient la projection d’un certain imaginaire du pouvoir en France que l’on observe du Louvre à Chambord en passant par Langeais, mais également dans les hôtels des échevins, comme à Bourges, et dont nous trouvons également des évocations dans l’art flamand au XVe siècle (La Vierge du Chancelier Rolin de Jan van Eyck, par exemple, présente à l’arrière-plan le portrait d’une ville comme extension du pouvoir du chancelier). Elles persistent et resurgissent à de nombreuses reprises, encore au XIXe siècle à travers le travail de restauration d’Eugène Viollet-le-Duc au château de Pierrefonds, véritable mise en scène d’un imaginaire du pouvoir féodal et du château idéal médiéval, cristallisé autour de la nostalgie d’un âge d’or perdu et d’un regain d’intérêt pour l’antiquité nationale. Enfin, la persistance de cet imaginaire est si forte qu’elle se traduit dans de nombreux médiums contemporains, notamment dans les contes transposés en film d’animation par les studios Disney. Dans certains considérés comme des classiques du XXe siècle (La Belle et la Bête, Cendrillon) comme dans les plus récents (Raiponce, La Reine des neiges), le château – d’inspiration européenne – est une image du pouvoir royal largement teintée de moralisme : il figure la stabilité mais aussi, parfois, le despotisme. Le château devient ainsi une allégorie du bon ou du mauvais gouvernement et le lieu symbolique du destin des princes et des princesses.

INSA
3 Rue de la Chocolaterie - 41000 Blois