La ville à l'échelle de la rue

Carte Blanche au CTHS
D’envergures variables selon qu’il s’agit d’artères étroites, de routes de traverse, de boulevards ou de quais, elles brassent une pluralité d’acteurs sociaux en même temps qu’elles participent à la ségrégation des habitants de la ville. L’objectif de cette table-ronde est de se placer à l’échelle de la rue, pour saisir les transformations de l’espace social dans les villes d’Ancien Régime et de la période révolutionnaire, qui connaissent d’importantes recompositions urbanistiques. Il s’agit de saisir tout à la fois comment l’espace de la rue construit des interactions sociales et constitue le support de rapports complexes (d’appropriation, de domination, de ségrégation, de contestation…). En effet l’espace de la rue est façonné par des pratiques et des représentations sociales, qui sont elles-mêmes influencées par des configurations spatiales (prix de l’immobilier, géographie des ateliers et des boutiques…).
Lieux d’interactions sociales complexes, les rues ne sont pas investies de la même manière par les individus ou des collectifs. Axes de circulation où cohabitent charrettes et piétons, elles constituent aussi très largement des espaces de travail pour des acteurs aux profils socio-économiques très divers : les maîtres qui tiennent boutique, les marchands ambulants, les prostituées qui racolent des clients, les voleurs à la sauvette… Les rues constituent aussi des espaces vécus où se déploient des relations sociales qui peuvent être choisies, imposées ou conflictuelles (dans le cas de rixes ou d’émeutes) et où se côtoient interconnaissances et anonymat. Pavoisées à l’occasion des entrées solennelles ou de festivités diverses, certaines voies sont aussi investies par des processions religieuses des cortèges corporatifs ou des banquets festifs. La pluralité des usages sociaux de la rue contribue à produire des paysages sonores variables à l’échelle de la ville et selon le moment de la journée. Les dynamiques sociales imposent enfin diverses formes de régulation de la rue (à commencer par leur nettoyage), en même temps qu’elle suscite toute une série de réaménagements urbanistiques (numérotage, pavage, trottoirs, égouts, réseau d’éclairage…).