La souveraineté alimentaire est-elle un mythe ?
Dans un monde marqué par les crises climatiques, les tensions géopolitiques et la mondialisation des échanges, la notion de souveraineté revient en force dans le débat public. C’est particulièrement vrai pour l’alimentation, peut-être parce qu’elle est la condition même de notre existence. Mais que recouvre cette notion de « souveraineté alimentaire », utilisée par toute la classe politique ? S’agit-il d’autosuffisance, de maîtrise des chaînes de valeur ou de la capacité à définir sa propre politique agricole ? Cette notion n'éclipse-t-elle pas d’autres enjeux comme la sécurité alimentaire ? Dans un environnement mondialisé, est-il encore possible de maîtriser notre alimentation ? A quelle échelle la souveraineté doit-elle être pensée ? Notre modèle agricole et alimentaire, hérité des Trente Glorieuses, s’est industrialisé, spécialisé, internationalisé. Il a permis à la France de devenir une grande puissance agricole, mais à quel prix ? Il doit aujourd’hui composer avec des contradictions de plus en plus aigües : produire plus mais mieux, nourrir local tout en commerçant global, garantir des prix bas tout en assurant des revenus décents, préserver l’environnement sans sacrifier la compétitivité. La France importe désormais une part croissante de sa consommation alimentaire et dépend, pour produire, d’intrants, de machines et parfois de main d’œuvre venus d’ailleurs. Finalement, et si la question de la souveraineté n’interrogeait pas d’abord notre modèle ?