La Révolution est-elle encore française ?

Carte blanche proposée par les Annales historiques de la Révolution française Au XXIe siècle, l’essor des approches transnationales a ébranlé les certitudes francocentrées et diffusionnistes du Bicentenaire de 1989. Cet essor invite à repenser l’âge des révolutions à une échelle mondiale et, par conséquent, à questionner la Révolution « française », l’un des chrononymes les plus fameux de l’histoire de France. L’élargissement du cadre géographique s’est accompagné d’une extension chronologique comme en témoignent des publications récentes qui s’ouvrent souvent par la glorieuse révolution anglaise, ne manquent plus de considérer la révolution de Saint-Domingue, ne négligent pas les indépendances latino-américaines et se prolongent parfois bien au-delà. La « Révolution française » serait-elle diluée voire marginalisée ? Depuis plusieurs années, les Annales historiques de la Révolution française ont interrogé ces changements d’échelles. Loin de les regarder comme une menace qui inciterait à un repli identitaire, elles les ont envisagés comme une opportunité de désencastrer le débat sur les fondements de la culture démocratique française. La Révolution française peut ainsi être considérée, non plus simplement comme une rupture, mais comme une interface pour faire dialoguer des historiens et des historiennes de diverses révolutions et de différentes traditions historiographiques. Ce panel constitue un prolongement de cette réflexion collective afin de discuter de la spécificité française de la révolution, de penser l’articulation entre affirmation des nations et intensification des mobilités transnationales, et de débattre de la place des études francophones dans le nouveau paysage historiographique.