La prodigieuse machine à vapeur des houillières de Littry (Calvados, 1800)

Carte blanche aux Éditions Cahiers du Temps

 

L’existence du charbon est reconnue à Littry en 1741. Dès 1749, une pompe à feu (modèle Newcomen) est installée sur une des fosses pour en évacuer l’eau. Trop gourmande en charbon, dangereuse dans son fonctionnement, cette première machine à vapeur est abandonnée en 1756 pour revenir à un système de pompage animé par un manège à cheval.

 

Un demi-siècle plus tard, la Compagnie des mines de Littry acquiert la première machine à vapeur utilisée en France pour remonter le charbon. Le remplacement de la traditionnelle machine à molettes mue par les chevaux était rendu indispensable par l’approfondissement  des fosses.

En 1800, sur le puits Saint-Georges, est installée une machine construite dans l’atelier de Chaillot fondé par les frères Périer à Paris. En juin 1802, c’est au tour de la fosse Frandemiche d’en être pourvue. Puis, en août 1811, une troisième machine équipe le puits Sainte-Barbe.

Louis Héricart de Thury, élève-ingénieur à l’école des Mines de Paris, présente un Mémoire sur la houillère de Littry dont il est actionnaire à la Conférence des Mines le 27 mai 1800. Ce précieux rapport est accompagné de 38 planches aquarellées. Plusieurs ont trait à la première machine à vapeur installée.

 

D’autres documents permettent de compléter l’histoire de ce bouleversement technique :

- Les correspondances de la Compagnie conservées au Archives du Calvados,

- Le brevet d’invention de la Machine à vapeur propre à monter le charbon de la Mine déposé par Jacques-Constantin Périer le 24 octobre 1800,

- Le Mémoire sur la machine à vapeur de Littry, publié par Héricart de Thury dans le Journal des Mines de novembre 1802.

Par ailleurs, peu de temps après la fermeture de la mine (1880), la fondation insolite d’un musée en 1907 (actuel musée de la mine du Molay-Littry) a permis de sauvegarder plusieurs éléments matériels essentiels qui complètent les informations.

- Le musée expose une machine unique qui a fonctionné à Littry pendant une soixantaine d’années. Il s’agit de la plus ancienne machine à vapeur fixe conservée en France.

- Un tableau du musée représente sainte Barbe, patronne des mineurs, s’élevant dans les fumées d’une machine à vapeur. Cette toile surprenante peinte en 1803, contemporaine des premières installations, montre les bâtiments d’extraction avec leurs cheminées.

- Des fouilles réalisées dans la cour du musée en 1996 et 1997, à l’emplacement de la fosse Frandemiche, ont mis au jour le puits d’extraction, le bâtiment l’abritant et les massifs qui supportaient les chaudières.

 

Ainsi, par l’archive, le matériel, l’œuvre d’art, peut être restituée une étonnante aventure technique et humaine, l’histoire des machines à vapeur des mines de Littry. Introduite dans l’intérêt des actionnaires des mines qui font figure de pionniers, la puissance de la vapeur allait progressivement bouleverser la production et les conditions du travail dans toutes les branches de l’industrie.

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