La longue histoire de l'apprentissage
Carte blanche au laboratoire CREHS et à l’Université d’Artois, avec le soutien de l’Association française pour l’histoire des mondes du travail et du GDR Techniques et production dans l’histoire.
L’apprentissage est une institution ancienne, qui a souvent été associée aux corporations, au point que son histoire a été présentée de manière trop uniforme avant la Révolution française, puis envisagée comme une lente et inexorable dégradation après celle-ci. Des recherches récentes interrogent ces visions trop stéréotypées des modalités de formation professionnelle, de l’Antiquité au XXe siècle. Quelles étaient les fonctions réellement exercées par l’apprentissage, entre formation, éducation et mise au travail de la jeunesse ? Comment s’insère-t-il dans des relations sociales complexes ? Cette longue histoire de l’apprentissage mérite d’être approfondie pour mesurer l’importance des fonctions de cette institution dans les sociétés pré-salariales comme dans les sociétés salariales. Elle se prête à de nombreuses réflexions, qu’il s’agisse de l’endogamie professionnelle, des modalités de passage de l’enfance au travail, de l’artisanat urbain, de l’organisation des métiers ou encore des modalités d’acquisition des gestes et des techniques propres à chaque métier : autant de dimensions qui suggèrent que l’apprentissage est une fenêtre ouverte sur l’histoire du travail et du rapport des sociétés au travail. Au moment où le compagnonnage figure au programme du lycée professionnel, et alors que les programmes scolaires cantonnent souvent l’histoire du travail à l’industrialisation du XIXe siècle, les apports des recherches récentes invitent à renouveler les approches et à élargir les perspectives, ne serait-ce que pour mieux comprendre de quelle histoire procède l’apprentissage auquel, aujourd’hui, tant de vertus sont prêtées.