La Loire par le Docteur Léon Collin, vers 1909
Musée Nicéphore Niepce, Chalon-sur-Saône
Le Lab de l'enseignant

La Loire : de Saint-Martin-de-Ré aux îles du Salut

Premier navire à être spécialement affrété pour le transport des condamnés aux travaux forcés en Guyane, le bâtiment La Loire assure deux convois par an, de 1902 à 1914 alors que les effectifs du bagne restent stables, depuis leur création en 1854 jusqu’à l’arrêt de la transportation en 1938. Le bateau-cages est le symbole de la « technique française de l’élimination » selon l’ancien bagnard anarchiste Alexandre Jacob en 1930, c’est-à-dire du traitement pénal et colonial de la question criminelle à la fin du XIXe siècle. L’espérance de vie du bagnard ne dépasse pas les cinq ans une fois débarqué. Et si, comme l’écrit le journaliste Alexis Danan en 1934, « un convoi mange l’autre », l’océan Atlantique devient de fait un mur infranchissable pour les vedettes de cours d’assises et pour la masse d’anonymes de la petite et moyenne délinquance. Un beau voyage ? Un voyage sans retour malgré l’espoir chimérique de l’évasion :
« La Loire a quitté La Pallice
Maintenant tout est bien fini
On s’en va vers le Maroni
Où les requins font la police
On est sans nom, on n’est plus rien
La loi nous chasse de la ville
On n’est plus qu’un bateau de chiens
Qu’on mène crever dans une île. »
Albert Londres, La Belle, 1929

La Loire par le Docteur Léon Collin, vers 1909
Musée Nicéphore Niepce, Chalon-sur-Saône
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